Les origines de notre entreprise se
confondent avec celles de notre famille, car nous sommes
boulangers depuis le milieu du XVIIe siècle, donc depuis
près de 350 ans.
Notre famille est dorigine tchèque :
notre patronyme HUSS provient du grand réformateur
tchèque Jan HUS. Né à Husinec
en Bohème en 1371, recteur de lUniversité
de Prague, considéré comme lun des précurseurs
de la Réforme, il fut un combattant de la liberté, défenseur
du petit peuple face aux abus du clergé et des seigneurs.
Sa devise était :
« La
Vérité Vaincra »
" Pravda
Vitezy"
Traducteur de la Bible en tchèque,
il prononça des sermons enflammés contre la corruption
des prélats de l'Eglise, contre le trafic des
Indulgences, contre le schisme de l'Eglise. Excommunié
en 1412, puis de nouveau en 1414, arrê té, convoqué devant le Concile
de Constance, il fut condamné comme hérétique après
un simulacre de procès, et fut brulé vif le 6
juillet 1415. Par la suite, il fut vénéré
comme saint et martyr en Bohème. La date de sa mort est
aujourd'hui une Fête Nationale Tchèque.
La mort de Jan
Hus sur le bûcher provoqua un soulèvement général de
la Bohème, en réaction contre la répression de
l'Eglise et de l'Empereur. La première Défenestration
de Prague, en 1419, marqua le début des
Guerres Hussites. Sous la
conduite de leurs trois dirigeants charismatiques, Jan
Zizka de Trocnov (chef militaire), Jan
Zelivsky (chef religieux), et Mikulase z
Hus (chef politique) les insurgés hussites ont
libéré Prague des troupes impériales,
ainsi que la plupart des villes et de la campagne tchèque.

Après la mort de Mikulase z Hus lors de la libération
de Prague, et la décapitation de Jan Zelivsky par les
impériaux, Jan Zizka resta seul chef des résistants. Il
fonda la ville de Tabor, qui sera la
forteresse inexpugnable des hussites, leur permettant de
résiter à toutes les attaques.
Entre 1420 et 1434, les
hussites repoussèrent cinq croisades successives menées
contre eux par l'Eglise catholique et lEmpereur
Sigismond IV. Les fières armées impériales furent écrasées
par les combattants de la résistance hussite, qui n'étaient
à l'origine que de simples paysans et artisans.
Après la mort de Jan Zizka, la
relève fut assurée par Andreas Prokop, dit Prokop
HolyVelky ("Prokop le Grand"). Sous sa
conduite, les hussites passèrent à l'offensive et menèrent
des campagnes jusqu'au coeur de l'Empire Germanique à
l'Ouest, jusqu'à la mer Baltique au Nord, et jusqu'aux
frontières russes à l'Est.
Les hussites étaient devenus une force invincible, et
leurs idées libératrices s'étaient propagées dans
toute l'Europe. L'empereur Sigismond abandonna l'action
militaire contre eux et décida d'intriguer pour les
diviser. Finalement, il arriva à ses fins : des hussites
modérés, soutenus par la noblesse, levèrent une armée,
et affrontèrent les hussites taborites de Prokop. La
bataille de Lypany marqua la défaite
des taborites, le massacre de 13 000 combattants de la
liberté et la mort de Prokop.
Mais ce n'était pas la fin des hussites : une décennie
plus tard, le nouveau chef des hussites, Georges
de Podebrady (Jiri Podiebrady) conquit
la ville de Prague, et fut élu Roi de Bohême en 1458.
Il fut l'artisan de la coexistence des deux Eglises en
Bohème, Catholique romaine, et Hussite Utraquiste. Il
mena une intense activité diplomatique en faveur de la
Paix, et élabora un projet d'union européenne, devenant
ainsi le précurseur de la construction européenne
actuelle. Mais après sa mort précoce, le jeu des
alliances et des héritages fit passer la couronne de Bohème
aux Habsbourg d'Autriche, qui imposeront leur domination
aux pays tchèques.
Deux siècles
plus tard, face aux abus des Habsbourg, la révolte tchèque
se déclenche à nouveau lors de la Deuxième Défenestration
de Prague, et déclenchera la Guerre de Trente
Ans. L'armée impériale des Habsbourg (menée par le
fameux généralissime Albrecht von Wallenstein) écrasa
les insurgés tchèques à la bataille de la Montagne
Blanche en 1620. La plupart des chefs de
l'insurection seront exécutés, et de nombreux
combattants sont contraints à l'exil : les hussites
disparaîssent de l'Histoire.
Quelques années
plus tard, vers le millieu du XVIIème siècle, alors que
lAlsace est dévastée et dépeuplée par la guerre
de Trente Ans, de nombreux Suisses, Souabes et Tchèques
sinstallent dans la région afin de la repeupler.
Selon la tradition, quelques descendants de hussites tchèques
sinstallèrent ainsi à Weyersheim.
Parmi eux, les 3 frères HUSS, descendants des hussites ;
3 artisans dont lun était boulanger
: vraisemblablement notre ancêtre en ligne directe.
Depuis lors, les
HUSS sont implantés à Weyersheim et leurs descendants
se sont propagés dans le reste de lAlsace et de la
France, ainsi quà létranger, notamment au
Brésil, au Canada, et aux Etats-Unis.
2
- La boulangerie HUSS à travers les siècles
Notre famille
resta fidèle aux traditions boulangères lors des siècles
suivants. A la fin du XVIIIème siècle, on note la présence
à Weyersheim de Jean Valentin HUSS, dont le prénom (Hans
Valte en alsacien) passera à la postérité en
devenant le "Hoftname" qui désignera dorénavant
la lignée des boulangers HUSS, puisque jusqu'à nos
jours ses descendants porteront ainsi le HoftName "S'HansValte".

La boulangerie Huss était implantée au 69 rue Baldung-Grien,
dans la maison familiale de "S'HansValte".
Le devant de la maison familiale, qui serait une des
rares
rescapée
de la guerre de Trente Ans, était anciennement occupé par
une forge, à l'arrière il y avait le fournil. La famille HUSS,
avec ses nombreux enfants, avait plusieurs activités pallèlement
au métier de boulanger, notamment forgeron et
cultivateur.
A la fin du XIXe siècle, c'est Michel Huss,
petit-fils de Jean Valentin, qui exploitait la
boulangerie familliale avec sa femme Caroline CLAUSS, et
trois de leurs enfants, Joseph, Michel et
Marie, vont engendrer trois lignées distinctes
de boulangers.
Marie HUSS va épouser
Joseph BERBACH et ensemble ils vont exploiter la
boulangerie familiale de la rue Baldung-Grien. Certains
de leurs descendants partiront s'installer à
Kurtzenhouse, d'abord comme boulangers puis comme épiciers,
et vendront la maison familiale de "S'Hansvalte"
à M. Muller qui va y ouvrir la Droguerie St Michel.
Michel HUSS va s'installer à Ostwald
pour y fonder également une boulangerie que ses
descendants vont continuer à exploiter jusqu'en 2004 où
elle sera définituvement fermée.
Joseph HUSS, l'ainé de la fratrie, va
épouser Marie BARTHOLOME et va fonder
sa propre boulangerie dans la maison familiale de sa
femme, la Maison "S'Liiris",
qui se trouvait à langle de la rue Baldung-Grien
et de la rue de Gambsheim, à quelques mètres de lemplacement
actuel de la boulangerie. Ensemble, ils auront 3 enfants,
mais sa femme Marie va malheureusement décéder en 1913,
et ensuite Joseph va partir se battre au front lors de la
Première Guerre Mondiale.


De retour de la
guerre, Joseph va épouser en secondes
noces Josephine SCHERRER. Ils auront
deux enfants, Sylvestre Joseph et Léonie.
Vers 1920, le couple fit lacquisition dun
petit cabaret dans lAllmengasse (actuellement
19, rue ST Wolfgang) où il déménagea sa boulangerie.
Elle s'y trouve toujours de nos jours.

En
1939-45, lors de la Seconde Guerre
Mondiale, Sylvestre Joseph HUSS va renouer
avec la tradition guerrière des hussites et leur esprit
de résistance et de liberté. Farouchement opposé à
l'occupation de l'Alsace par les troupes nazies du IIIème
Reich allemand, son combat pour la Vérité le conduira
à s'engager dès l'été 1940 dans la Résistance, et
sera parmi les fondateurs du premier réseau de résitance
du nord de l'Alsace. Malheureusement,
il sera comme nombre de ses compatriotes alsaciens et
lorrains incorporé de force dans l'armée d'occupation
allemande en 1942. Affecté d'abord en Europe de l'Est,
il va aider clandestinement la Résistance polonaise,
puis sera envoyé en première ligne dans l'enfer du
front de Russie, où il va s'illuster par son courage et
sa bravoure, sauvant la vie de plusieurs de ses
compagnons d'infortune. Grièvement blessé par un obus
le 14 juillet 1943, il survivra et sera transféré dans
le sud de la France, ce qui lui permettra de reprendre
contact avec la Résistance française et de l'aider secrètement.
Il parviendra finalement à s'évader de l'armée
allemande qui le portera disparut, entrera dans dans la
clandestinité et rejoindra le Maquis sous le nom de
Joseph Rey. En été 1944, après
le Débarquement en France des armées de libération
alliées, il s'engagera dans la 1ère Armée Française,
au sein de la Brigade Alsace Lorraine, participant à la
Libération de l'Alsace et aux violents combats de la
Poche de Colmar. Il reviendra ainsi à Weyersheim en libérateur,
alors que tout le monde le croyait mort au combat..
Traversant le Rhin, il poursuivra le combat contre le
Nazisme au coeur de l'Allemagne, jusqu'à la la Victoire
sur le IIIème Reich, le 8 mai 1945. Une Victoire finale
en conformité avec la devise de Maître Jean HUS : "La
Vérité Vaincra" ...
En 1947, de retour de la guerre, Sylvestre
Joseph va épouser Marie Madeleine
ZILLIOX dont il aura trois enfants : Jean-Louis,
Paul et Monique. En 1956
Joseph et Marie ont construit le bâtiment actuel
abritant les habitations et le magasin. La taille limitée
et la forme de ce magasin ont été imposés par le
manque de place à lépoque. De plus, la production
de pain continua pendant les travaux de construction du bâtiment.
En 1958,
fut construit un nouveau four, à lépoque un des
premiers fours à vapeur modernes du canton. Quelques
mois après, ce fut lacquisition du premier pétrin
mécanique, qui révolutionna la fabrication du pain en
permettant dobtenir un pain blanc de qualité supérieure.
.
En 1964, Jean-Louis HUSS
fils de Sylvestre Joseph, est entré dans lentreprise
après trois années dapprentissage chez Maître
Lucien EISELE, rue du Maire KUSS à Strasbourg. Il
passa avec succès son Brevet de Maîtrise en 1973.
En 1972, lentreprise
fut transformée en une sàrl dont les associés
égalitaires étaient Jean-Louis HUSS et son père
Sylvestre Joseph HUSS (également gérant de la société).
La même année fut construit et équipé un nouveau
fournil autour du four existant.
En 1993, après 35 ans de
bons et loyaux services, le four fut démonté et remplacé
par un nouveau four plus grand et plus moderne dont la
capacité de cuisson plus grande et ladaptabilité
ont permis de faciliter et rationaliser le travail.
En 1996, Frédéric HUSS, fils de
Jean-Louis, entre dans lentreprise comme apprenti

Entre 1996
et 1999, fut aménagé à lemplacement
de la grange un dépôt de farine et un stock pour matières
premières et marchandises, puis un laboratoire de pâtisserie
séparé du fournil. 
En 1999
suite au décès de Sylvestre Joseph, Frédéric a acquis
ses parts sociales dans la société et Jean-Louis est
devenu gérant.
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2002 :
Ouverture du site Internet "www.boulangerie-huss.com".
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